L’Arbre
à Palabre est ce lieu où en Afrique, on se retrouve le soir venu dans un village,
pour entamer des "discussions longues et houleuses", mais aussi pour
conter, pour organiser la cité, ou encore pour parler de choses plus
légères…C'est le lieu du discours et du logos, de la parole et de l'écoute.
C’est
aussi cet arbre majestueux, à l’envergure impressionnante, qui donne une ombre
fraîche surtout pendant la saison sèche : en général, le karité, le cailcédrat,
le manguier, etc. Il donne de l’ombre en toute saison. La vie du village est
régie sous l’arbre à palabre : mariages, conflits fonciers, bons ou mauvais
comportements de tel ou tel jeune homme, de telle ou telle jeune fille, bonne
ou mauvaise récolte, nouvelles des parents des villages voisins, protection du
village contre la sorcellerie, etc. Les interdits dont le rôle est de mettre le
village à l’abri des fléaux divers (sècheresse, épidémies, entre autres)
sont-ils respectés ? En cas de mauvaise récolte, comment y faire collectivement
face ? Le village est ainsi scruté sous toutes ses coutures. Il s’agit
véritablement d’une gestion collective du village. La cohésion de la
collectivité villageoise est ainsi assurée tout comme sont assurées la paix et
l’entente entre habitants du même village, puis entre villages voisins.
La
place des doyens sous cet arbre rituel est celle de leur rang dans la
hiérarchie, et la prise de parole est liée à cette légitimité. Etre accepté
dans ce cercle, c'est d'être reconnu comme digne d'être l'égal des autres et
reconnu par eux. Dans le fond, notre quête moderne et éminemment technologique
de reconnaissance par la parole semble obéir à cette même construction de la
communauté.